Retour sur un essai de mise en concurrence de bactéries et champignon pathogène du sol (Rhizoctonia solani).

En condition expérimentale, deux bactéries valent mieux qu’une pour endiguer le développement d’un champignon pathogène. Un argument de plus pour une vie du sol foisonnante et diversifiée.


Développement R.solani en boites de Pétri

(…)Dans ces essais, Rhizoctonia solani s’est bien développé partout sauf dans les 2 boîtes de droite où il est resté cantonné au-dessus du trait rouge supérieur. En effet, en observant les 4 boîtes du haut, il est possible de voir les différences de développement du champignon dans un même substrat de culture. La boîte la plus à gauche est le témoin. Il montre la capacité de développement du champignon dans ce substrat de culture. Dans les 2 boîtes du milieu, le développement de Rhizoctonia solani est équivalent au témoin. La présence isolée de Pedobacter V48 ou de Pseudomonas AD21 ne pose aucun problème au champignon. Par contre dans la boîte de droite, la présence des 2 bactéries a significativement réduit le développement du champignon. Les mêmes observations et résultats valent pour les 4 boîtes du bas.
Attaque de R. solani par 2 bactéries
Observer un tel phénomène est intéressant mais le comprendre permet de l’utiliser/le favoriser dans la pratique. La figure 2 illustre le phénomène. En effet, Pseudomonas AD21 est capable de détecter la présence de Rhizoctonia solani et de communiquer mais pas de l’attaquer. Par contre Pedobacter V48 ne « voit » pas Rhizoctonia solani mais « écoute » Pseudomonas AD21 et, suite à ces messages d’alertes, émet des composés volatiles fongiques très efficaces contre Rhizocotnia solani.
L’explication n’est pas complète car il manque le leitmotiv des deux bactéries. En effet, les scientifiques ne savent pas pourquoi les bactéries attaquent le champignon. Il y a différentes hypothèses mais il faut encore les vérifier.
Dans la pratique, il est intéressant de stimuler un tel mécanisme à grande échelle pour pouvoir l’appliquer aux cultures. Aujourd’hui, il y a une seule méthode pour assurer l’effet fongique désiré : stimuler ces bactéries dans le sol directement. En effet, ces bactéries ne s’achètent pas mais elles sont présentes dans le sol. Si l’agriculteur stimule les bactéries, il risque d’avoir l’effet désiré.
Mais comment faire ? L’idée est d’avoir des bactéries en nombre suffisant et en bonne santé. Il faut donc les stimuler. Et, aujourd’hui, il y a une seule méthode : stimuler la vie du sol en général : couverts végétaux, réduction du travail du sol, plantes associées, …

En toute honnêteté, personne ne sait quelle technique est la plus appropriée. Personne ne sait s’il vaut mieux réduire le travail du sol ou semer des plantes compagnes pour arriver au résultat voulu. Il faut essayer, observer et apprendre.
La probiotie permet de lutter contre le Rhizoctonia en pomme de terre même s’il nous faut découvrir la meilleure méthode. En portant le regard plus loin, il ressort que la probiotie a d’autres qualités que la simple lutte contre le Rhizoctonia et, selon les frères Rockey, patatiers aux Etats-Unis, elle permet de lutter contre un certain nombre d’autres ravageurs également. (…)

Thierry STOKKERMANS pour A2C

http://agriculture-de-conservation.com/Patate-et-Probiotie-une-pierre-de-plus-a-l-edifice.html

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