Le Parlement autrichien a approuvé mardi une interdiction totale de cet herbicide controversé, classifié « cancérogène probable » par l’Organisation mondiale de la santé.

De l’herbicide glyphosate pulvérisé dans un champ de maïs à Saint-Léonard-des-Bois (Sarthe), le 21 mars 2019.

Le Parlement autrichien a approuvé, mardi 2 juillet, une interdiction totale du glyphosate sur le territoire national, faisant de l’Autriche le premier pays de l’Union européenne (UE) à bannir l’herbicide controversé au nom du « principe de précaution ».

Une majorité de députés a voté en faveur de l’amendement proposé par le parti social-démocrate SPÖ, en vertu duquel « la mise sur le marché » de produits à base de glyphosate est « interdite au nom du principe de précaution ». Le texte a notamment reçu le soutien du parti d’extrême droite FPÖ.

Cette mesure d’interdiction totale soumise par la gauche fait débat depuis plusieurs semaines en Autriche, ses opposants faisant valoir qu’elle n’est pas conforme avec la règlementation européenne puisque la licence d’utilisation du glyphosate dans l’UE, renouvelée en 2017 par l’exécutif européen, court jusqu’au 15 décembre 2022.

« Cancérigène probable »

L’interdiction de l’herbicide controversé s’est invitée presque par effraction sur l’agenda du Parlement autrichien à la faveur de la chute, au mois de mai, du gouvernement dirigé par le chancelier conservateur Sebastian Kurz. Profitant de l’absence de coalition constituée au Parlement jusqu’aux législatives anticipées de septembre, les partis social-démocrate SPÖ, d’extrême droite FPÖ, écologiste Jetzt et les libéraux Neos ont réuni mardi une majorité de circonstance et approuvé cette interdiction, alors que les députés siègent pour la dernière semaine de cette mandature écourtée.

Le parti conservateur ÖVP, favori pour revenir au pouvoir après les législatives, a voté contre une interdiction totale pénalisant à ses yeux les professionnels de l’agriculture. La formation de Sebastian Kurz proposait que l’usage de glyphosate soit formellement interdit pour les particuliers, à proximité des écoles et sur les terrains de sport.

Classé « cancérigène probable » depuis 2015 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le glyphosate est utilisé sous diverses marques, depuis que le brevet détenu par le groupe américain Monsanto est tombé dans le domaine public en 2000. La plus célèbre reste le Roundup fabriqué par Monsanto, qui appartient désormais au géant allemand de la chimie Bayer.

Usage limité dans plusieurs pays européens

La Commission européenne, organe exécutif de l’Union, met en avant le feu vert de ses agences scientifiques, l’Efsa (sécurité des aliments) et l’Echa (produits chimiques), qui n’ont pas classé la substance comme cancérigène. Mais l’indépendance de l’Efsa a ensuite été mise en doute par des révélations de journaux selon lesquels son rapport comporterait des passages copiés/collés d’un document de Monsanto.

En France, le gouvernement a promis que le glyphosate serait interdit « dans ses principaux usages » d’ici 2021 et « pour tous les usages » d’ici cinq ans. Son usage y est déjà restreint, interdit depuis début 2019 pour les non professionnels comme pour les jardiniers amateurs et banni depuis 2017 pour les espaces verts publics.

D’autres pays de l’UE ont adopté des interdictions partielles du glyphosate. Son usage est limité en République Tchèque depuis début 2019. En Italie, il est interdit depuis 2016 dans les zones fréquentées par la population. Aux Pays-Bas, il est interdit de l’utiliser sur les revêtements et l’asphalte depuis 2016.

Source : L’Autriche devient le premier pays européen à interdire totalement le glyphosate

Catégories : Politique agricole