Installés sur une exploitation de 262 hectares dans l’Oise, sur des limons profonds, les frères Messéan ont construit un système reposant sur trois piliers : les couverts végétaux, la diversification des cultures et la diminution du travail du sol. Alors qu’il y a quatre ans, toutes les cultures de printemps étaient labourées, les maïs ont été tous semés en direct cette année. Quant aux betteraves, un tiers de la sole a été semé sans labour en 2017, après broyage des couverts et un passage de chisel, les deux tiers restants étant semés après un labour à 18 cm. Cette année, les agriculteurs ont également réservé à cette culture une parcelle d’essais de 4 hectares, en semis direct depuis 2012. Des betteraves y ont été semées après un travail superficiel sur 5 cm. Lors du reportage réalisé chez Éric et Luc Messéan au mois de juin, cette parcelle en direct était propre et les betteraves bien parties.

Un potentiel maintenu

Verdict après la récolte : malgré le manque d’eau cet été, les résultats sont excellents, avec un rendement de 117 t/ha à 16°. « Nous sommes très contents ! Les rendements sur nos parcelles en TCS ou labour sont identiques. On voit bien qu’il n’y a pas eu de perte de potentiel », se réjouit Éric.

Étant donné que les couverts jouent un rôle important dans leur système, les agriculteurs ont investi cette année dans un déchaumeur à disque Carrier, de chez Väderstad, avec rouleaux hacheurs à l’avant. Celui-ci leur permet de hacher et mulcher les couverts avant les betteraves, mais aussi de réaliser un travail très superficiel après la récolte des céréales, afin d’améliorer la levée des couverts.

Après cinq années de recul, les frères Messéan constatent que leurs résultats techniques en cultures évoluent dans le bon sens. Leurs résultats en maïs sont particulièrement éloquents : 110 q/ha en moyenne cette année. « Nous avions peur à cause des dégâts de corbeaux au semis, puis du gel à la levée, rapporte Éric. Mais il y a eu 20 mm de pluie à la floraison, et les maïs ont très bien compensé ! Le fait d’avoir semé en direct a permis à nos sols de ne pas s’assécher. »

Difficultés économiques

Les bons résultats techniques ne masquent cependant pas une réalité économique difficile. « À part la betterave sucrière, les cultures n’offrent pas une grande rentabilité », constate Éric. D’autant que les décisions politiques ou réglementaires, comme la sortie du glyphosate, rendent l’avenir incertain.

« Il faut se diversifier », reprend l’agriculteur. Pour l’instant, les exploitants possèdent une installation de panneaux solaires, qu’ils viennent juste de finir de rembourser, et qui leur rapportera 20 000 euros par an. Investir dans l’énergie ? Une façon de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier.

Adèle Magnard