Tout laisser, acheter un petit lopin de terre à la campagne et se lancer dans l’agriculture biologique, c’est le rêve que sont prêts à vivre de nombreux jeunes adultes aux parcours très divers.

En Europe et en Amérique du Nord, l’industrialisation de l’agriculture s’est appuyée sur l’exploitation de surfaces de plus en plus importantes pour amortir l’augmentation du coût des nouvelles technologies et des intrants (fertilisants, pesticides, machinisme). Cette industrialisation s’accompagne d’une perte de diversité des cultures, d’une dépendance aux marchés globaux et d’une déconnexion de la production des besoins locaux.
C’est dans ce contexte que l’on observe une popularité croissance des microfermes maraîchères biologiques en France depuis 5 ans (bien que des fermes maraîchères sur de petits espaces aient toujours existé). Ces fermes présentent donc une faible surface (moins de 1,5 hectare, en dessous donc des recommandations officielles), sont très diversifiées (plus de 30 cultures différentes par ferme) et pratiquent une commercialisation en circuits courts (vente directe aux consommateurs avec un intermédiaire maximum).

Ce rêve est-il réalisable et peut-on en vivre ? C’est la question à laquelle ont voulu répondre une équipe de chercheurs dans un article publié en novembre 2017 dans la revue scientifique Agricultural Systems.

Cette étude montre que les micro-fermes biologiques peuvent être économiquement viables dans certains cas, mais que les risques de ne pas atteindre la viabilité dans les micro-fermes ne doivent pas être négligés.

Principaux enseignements de l’étude : 

  • Pour la plupart des micro-agriculteurs ruraux, l’intensification sur une petite parcelle n’est pas mise en œuvre pour des raisons écologiques mais principalement comme un moyen pragmatique de démarrer une activité agricole sur une petite parcelle avec peu de capital financier et aucune origine agricole
  • Les micro-fermes biologiques peuvent être économiquement viables, mais que leurs chances de viabilité variaient fortement en fonction des niveaux de revenu et de la charge de travail acceptés par les agriculteurs. (Ex : viable pour venu mensuel de 600 € pour 1800 h de travail par an)
  • Les « microfermes » biologiques peu mécanisées (systèmes manuels et bio-intensifs) peuvent avoir, sur une surface agricole inférieure, un meilleur taux de viabilité que des fermes maraîchères plus mécanisées qui substituent les intrants par du temps de travail. (paillage, compostage, préparation de purins, production de semences),
  •  Les stratégies de marketing et d’investissement jouent un rôle clé dans la détermination de la viabilité des micro-exploitations, alors que la plupart des informations et des débats publics sur les micro-exploitations se concentrent principalement sur des aspects techniques.

Une opportunité pour les territoires ruraux ?

 » Des producteurs en grandes cultures ou en élevage commencent à envisager sérieusement le potentiel de la micro-agriculture pour créer d’avantage d’emplois et de valeur ajoutée par unité de surface et ramener les jeunes sur des territoires.

Ces agriculteurs permettent aux micro-fermiers de louer une parcelle de leur terre pour mettre en place leur activité, ce qui peut donner lieu à des collaborations qui semblent être bénéfiques pour les deux côtés.

Les jeunes micro-agriculteurs sans antécédents agricoles peuvent apprendre beaucoup des agriculteurs sur les sols, le climat, le contexte local et l’accès aux ressources que les agriculteurs historiques partagent avec eux (tels que des tracteurs, des bâtiments de stockage, de la paille pour le paillage, du fumier de bétail). Inspirés par les micro-agriculteurs, les agriculteurs historiques sont encouragés à faire évoluer leurs pratiques agricoles vers plus de production la diversité, les pratiques agro-écologiques, la transformation à la ferme (par exemple, le fromage et le pain) et le développement de chaînes d’approvisionnement courtes. Certains d’entre eux mutualisent la distribution et la vente de leurs produits avec des micro-agriculteurs, ce qui leur permet d’accéder à des marchés locaux auxquels ils seraient moins sensibles. 
De telles collaborations fructueuses ne doivent pas être idéalisées et leur développement peut être menacé par de nombreuses difficultés et blocages sociaux, commerciaux, culturels et techniques. Des recherches supplémentaires doivent être menée pour examiner comment et dans quelle mesure de nouveaux partenariats entre les micro-agriculteurs nouvellement arrivés et les agriculteurs historiques pourraient être réorganisés. »

https://www.researchgate.net/publication/320242790
Catégories : Politique agricole